De l’urine dans le vagin – l’urovagin

On parle d’urovagin lorsque l’urine ne s’écoule pas correctement vers l’extérieur. Si l'orifice de l'urètre  se situe à l'avant (vers la tête de l'animal) du point le plus élevé du vagin, l’urine s’écoule vers l'utérus. Elle s’accumule devant l’exocol et irrite fortement la muqueuse vaginale. Etant donné que l’urine et les produits inflammatoires endommagent les spermatozoïdes, une grande partie des vaches avec un urovagin ont du mal à devenir portantes. Elles sont totalement stériles dès que la mare d’urine recouvre le col de l’utérus et qu’elle parvient à pénétrer dans l’utérus.

L’urètre, qui transporte l’urine depuis la vessie, débouche dans le vestibule du vagin. Etant donné que la vache «fait le dos rond» en urinant, l’urine s’écoule vers l’extérieur. Cependant, ce processus ne fonctionne vraiment que si le point le plus élevé du vagin se trouve devant l’orifice de l’urètre.

Chez les vaches avec un urovagin, l’orifice de l’urètre est situé avant le point le plus élevé du vestibule du vagin.

L’appareil génital pend vers l’avant et vers le bas et tire également le vagin dans cette direction. Ainsi, au moins une partie de l’urine s’écoule vers le col de l’utérus et s’accumule sur le plancher vaginal. La vache n’a aucune possibilité de vider cette accumulation d’urine. La muqueuse vaginale s’enflamme (vaginite). Comme l’anus et la vulve sont également tirés vers l’avant, la zone anale est souvent renfoncée.

Les ligaments qui devraient soutenir l’appareil génital à l’horizontale sont trop longs (de naissance) ou se relâchent avec l’âge.

L’os du bassin de la vache est fortement incliné vers l’avant. EIle a un bassin «relevé» ou «ascendant». Ainsi, l’appareil génital peut glisser vers l’avant et vers le bas.

Depuis la réalisation d’un travail à la HAFL en 2004, les éleveurs ont pris conscience de la corrélation existante entre les critères morphologiques «position du bassin», «ligne de dos» et «position des lèvres vulvaires»: les vaches avec un bassin relevé ont plus souvent des lèvres vulvaires affaissées que les vaches avec une «bonne» morphologie. Depuis quelque temps, le nombre de vaches avec un bassin relevé a été considérablement réduit grâce à une sélection zootechnique stricte et aux bons accouplements. 

Le sire analyste Andreas Bigler explique: «Les vaches avec un bassin relevé sont devenues de plus en plus rares dans les troupeaux – elles ne représentent guère de problèmes de nos jours. Ces dernières années, il a en effet été possible d’améliorer le bassin grâce aux accouplements  ciblés. Aujourd’hui, nous avons donc chez nos vaches une plus grande part de bassins corrects qu’il y a 15 ans. Pour moi, le facteur décisif pour les recommandations d’accouplement est de savoir si une vache avec un bassin relevé parvient à devenir portante ou non – parmi elles, il y en a en effet certaines qui ont une bonne fertilité. Pour de telles vaches, je recommande l’utilisation d’un taureau avec une bonne hérédité du bassin. Elles pourront ainsi avoir des filles correctes. Pour les vaches qui ont des problèmes de fertilité ou de vêlage, je recommande d’inséminer systématiquement avec des taureaux de races à viande. Cela nous permet d’atteindre une meilleure fertilité sur l’exploitation.»

La gravité de l’urovagin, la quantité d’urine accumulée, l’importance de l’inflammation de la muqueuse peuvent être estimées uniquement lors d’un examen vaginal au spéculum.

La muqueuse vaginale est rouge et irritée

Des grumeaux de pus flottent dans un liquide jaunâtre (jusqu’à 3,5 litres!).

Le col de l’utérus est épaissi et rouge.

Si la mare d’’urine recouvre l’exocol, on peut supposer que l’urine pénètre dans l’utérus et y provoque également une inflammation.

A l’échographie, une endométrite est facile à reconnaître. La muqueuse de l’utérus est épaissie et apparaît en foncé. Parfois, on reconnaît même le liquide à l’intérieur de l’utérus.

L’insémination des vaches avec un urovagin a toujours une chance de succès réduite. De telles vaches ne sont aptes à l’insémination que sous certaines conditions. L’urine ainsi que les produits inflammatoires endommagent les spermatozoïdes. Si vous décidez de procéder tout de même à une insémination, il convient d’utiliser une chemise sanitaire. Si une grande quantité d’urine s’accumule dans le vagin ou si l’utérus est également touché, les chances de succès sont proches de zéro! Etant donné que l’urovagin a, dans la grande majorité des cas, une composante génétique, de telles vaches ne devraient être pas être utilisées pour la remonte d’élevage, mais être inséminées avec des taureaux de races à viande.  

Certains vétérinaires proposent une correction chirurgicale d’un urovagin. A la jonction entre le vestibule vaginal et le vagin - c’est-à-dire à l’orifice de l’urètre, en direction de la tête - une suture périphérique (cerclage vestibulo-vaginal) avec du matériel de suture résorbable est faite. Ainsi, les vétérinaires améliorent d’une part la fermeture des lèvres vulvaires de la vache et élèvent d’autre part le plancher vaginal. L’urine coule dans la bonne direction. La fertilité des vaches opérées s’améliore. La question de savoir si cette suture persistera après le prochain vêlage est controversée. Il faut toutefois noter que de telles vaches ne devraient pas être utilisées pour l’élevage.