«L’eau est la vie» (A. de Saint-Exupéry).

Cette phrase, qui semble philosophique à première vue, a une grande importance dans la biologie car tous les processus chimiques fonctionnent avec des solutions aqueuses.

Celles-ci transportent tous les nutriments, électrolytes, etc.

Les vaches préfèrent boire à des surfaces d’eau libres.

Elles posent les lèvres sur la surface de l’eau de manière à pouvoir respirer sans problème pendant qu’elles boivent.

Pour qu’elles puissent aspirer autant d’eau que possible, les points d’eau devraient être conçus le plus agréablement possible pour les vaches. 

Un approvisionnement en eau insuffisant entraîne rapidement des problèmes de santé ou de fertilité.

Des bouses trop sèches sont un signe d’alarme!

La soif provoque en outre du stress et du malaise – le manque d’eau comporte donc également un aspect de protection des animaux. 

Notre check-list résume les points critiques qui peuvent aboutir à un approvisionnement en eau insuffisant.

Un taux de fer élevé pose par exemple problème car il entraîne des précipités et de ce fait une déficience secondaire en divers oligo-éléments. L’eau ferrugineuse a aussi un goût désagréable.

Le cas de la vache «Arielle» du journal TORO 06/2019 a montré les conséquences qui en résultent.

Infestation par des organismes (parasites, champignons, bactéries et virus), surtout par des germes pathogènes (agents pathogènes de diarrhée tels qu’E. Coli, salmonelles, shigellas, campylobacter, etc.).

Ceux-ci peuvent provenir de l’environnement des animaux, par ex. de la poussière à l’étable, des fientes d’oiseaux, ou être introduits dans le système par l’eau de surface.

Surtout dans les étables ainsi qu’aux pâturages et alpages isolés, l’approvisionnement en eau est souvent assuré par des fontaines, ruisseaux ou autres sources d’eau.
Cette eau peut être plus fortement contaminée par des germes ou autres substances nocives que l’eau potable du réseau public. Il est donc recommandé de faire contrôler la qualité de l’eau au moins tous les cinq ans.

Une eau très ferrugineuse ou avec un taux de calcium très élevé (eau dure) peut endommager les vannes ou les flotteurs des systèmes d’abreuvement.

Les composés chimiques qui en résultent provoquent souvent des obstructions.

Si on en est conscient, on peut garder un œil sur le fonctionnement des abreuvoirs et agir en conséquence.

Pour une appréciation rapide, un échantillon d’eau peut être prélevé dans l’abreuvoir non nettoyé et mis dans un verre.

Cela permet de détecter rapidement les matières en suspension et autres colorations. Boiriez-vous l’eau de l’abreuvoir de vos vaches?

Ceux qui répondent à cette question par «non» ou par «éventuellement», doivent au moins prendre une brosse et frotter l’abreuvoir – et réfléchir à d’éventuelles mesures supplémentaires…. 

La qualité de l’eau ne peut pas toujours être déterminée par la vue – mais parfois par le toucher:

une couche visqueuse dans les conduites ou dans les abreuvoirs est un signe qu’il y a un biofilm.

Les germes qui ont pu s’installer dans l’eau ainsi que les toxines qu’ils ont produites représentent une charge permanente pour les animaux.
De plus, les vaches ne boivent plus assez d’eau dans ces abreuvoirs.

Les grands abreuvoirs avec des surfaces libres sont particulièrement critiques pour la croissance microbienne – surtout en été, car les souillures peuvent facilement s’y accumuler.

Les fontaines au pâturage doivent aussi être contrôlées et nettoyées régulièrement. Il est important de pouvoir faire écouler l’eau intégralement avant de nettoyer la fontaine.

Pour une bonne qualité de l’eau, il faut un flux suffisant dans les conduites et dans les abreuvoirs. Un nombre trop élevé de points d’eau diminue leur flux.

Si un abreuvoir n’a pas été utilisé depuis longtemps, il faut le nettoyer avant de le réutiliser – et purger les conduites (eau inutilisée et biofilm).

Les points d’eau aux pâturages sont alimentés par des cours d’eau (source, ruisseau, rivière) ou des eaux stagnantes (lac, mare). 

Le conseiller en affouragement Samuel dit:

La qualité de l’eau des eaux libres n’est jamais garantie. Surtout après des inondations ou lors de périodes de sécheresse, on peut vivre de mauvaises surprises.

Les eaux stagnantes qui ont une faible surface sont en outre des endroits idéaux pour la grande douve du foie.

Les fontaines ouvertes avec débordement, les bassins ou les abreuvoirs avec un flotteur sont particulièrement bien acceptés par les vaches.

Étant donné que l’abreuvoir se remplit automatiquement, tous les animaux peuvent y boire sans problème. 

Le conseiller Samuel rappelle:

Les grands abreuvoirs nécessitent un nettoyage fréquent. Il ne faut pas oublier de nettoyer également les endroits mal accessibles derrière le flotteur.
Les bassins et les fontaines aux alpages doivent pouvoir être inclinés ou avoir un déversement pour éviter de devoir les vider à l’aide d’un seau pour le nettoyage.
Attention dans les box avec litière profonde. Ils sont vite inondés s’il y a un grand bassin à nettoyer.

Différents systèmes d’abreuvement sont disponibles sur le marché dont les vannes doivent être actionnées par les animaux assoiffés:

les abreuvoirs à langue, les abreuvoirs à vanne ou les abreuvoirs à soupape tubulaire (cf. photo).

Samuel explique:

Tout animal ne comprend pas immédiatement comment ces abreuvoirs fonctionnent. Certains ont besoin de soutien pour apprendre à les actionner. C’est problématique si le box de vêlage est par exemple équipé d’un autre système que le reste de l’étable. Pour les animaux avec un anneau nasal (par ex. les taureaux de monte naturelle), ces abreuvoirs sont inappropriés.

Certains abreuvoirs n’ont pas de raccord d’eau. Cela n’est pas très pratique, mais à certains endroits, on ne peut pas faire différemment.

Il est important de ne jamais (!) oublier de remplir ces abreuvoirs.

Samuel souligne:

La routine de travail doit être bien établie de manière à ce qu’on remplisse les abreuvoirs même lors de pics de travail. L’avantage de ce système est qu’on contrôle chaque fois son état et qu’on le nettoie.

Il faut au moins deux points d’abreuvement par troupeau – surtout aussi pour les petits groupes d’animaux (élevage!) et au pâturage.

Dans la stabulation libre, il faut les installer le plus possible éloignés les uns des autres. 

Le conseiller Samuel constate:

Les animaux ont ainsi toujours accès à l’eau, même si un abreuvoir ne devait pas pouvoir être utilisé par ex. parce qu’il est souillé par des fèces.
De plus, les animaux dominants ne peuvent pas bloquer les deux abreuvoirs à la fois. 

Il faut au moins une longueur de 10 cm d’abreuvoir par vache pour garantir un accès suffisant à l’eau.

En été, il est préférable d’en avoir plus – par ex. sous forme d’abreuvoirs supplémentaires.

Samuel calcule:

Pour 40 vaches, il faut au moins deux fontaines de deux mètres chacune – pour 100 vaches, il en faut au moins cinq.

Les abreuvoirs ne doivent pas être placés dans des culs-de-sac. Ils devraient être bien accessibles à l’issue de la salle de traite resp. à la sortie du robot.

Samuel signale un point important:

Les abreuvoirs sont souvent placés dans des couloirs transversaux ou à des endroits de passage fréquent dans la stabulation libre. 
Ceux-ci devraient avoir une largeur d’au moins 3.60 m pour assurer un trafic des vaches sans perturbations. Selon la loi, la largeur minimale de ces couloirs transversaux doit être de 2.40 m.

Les vaches boivent le plus rapidement et le plus d’eau en posture agréable. C’est la raison pour laquelle les abreuvoirs fixes devraient avoir une hauteur du niveau d’eau de 80 cm.

Samuel dit:

Avec une hauteur de 80 cm, les abreuvoirs sont moins souvent souillés, car les éclaboussures de fèces n’atteignent pas cette hauteur. Néanmoins, il faut les contrôler tous les jours.

Tous les abreuvoirs (aussi ceux dans les stabulations entravées) devraient avoir un débit d’eau d’au moins 20 litres par minute.

La pression dans les conduites doit être assez élevée pour permettre à toutes les vaches dans la stabulation entravée de boire plus ou moins en même temps lors de la traite.

Samuel recommande:

Le débit de l’arrivée d’eau dans les abreuvoirs doit être mesurée de temps en temps: placer un seau dessous, actionner l’abreuvoir, capter le trop-plein et chronométrer le remplissage du seau. Souvent, la pression d’eau n’est pas le seul facteur limitant, mais également la section des conduites et le fonctionnement des vannes.

L’eau dans les abreuvoirs ne doit pas stagner et même par des températures ambiantes élevées, elle doit rester fraîche. C’est la raison pour laquelle, un trop grand nombre d’abreuvoirs peut parfois être problématique.

Le conseiller Samuel dit:

En particulier dans les secteurs de l’étable où il n’y a que peu d’animaux, la qualité de l’eau devient problématique en raison d’un flux d’eau insuffisant. Cela arrive parfois dans les aires de vêlage. La situation peut être améliorée si plusieurs groupes d’animaux utilisent les mêmes abreuvoirs.

Les abreuvoirs dont les vannes sont entartrées, qui ne peuvent plus être nettoyés correctement ou qui sont défectueux doivent être remplacés à temps.

Samuel conseille:

Les abreuvoirs font partie de l’équipement de l’étable où l’aveuglement de l’exploitant empêche souvent d’identifier les défauts. Étant donné leur importance pour le bien-être, la santé et la fertilité des animaux, il est judicieux de demander conseil à une personne externe pour jeter un regard critique sur la situation.

L’approvisionnement en eau doit évidemment aussi être garanti en hiver. Dans une étable à climat extérieur, il faut un dispositif technique antigel pour protéger les abreuvoirs (système de conduites en anneau, pompe de circulation, système de chauffage, etc.). 

Samuel avertit:

L’eau chauffée a plus tendance à être contaminée par des germes. Un flux d’eau rapide est donc indispensable dans ces systèmes.

En été, il s’est avéré être judicieux d’installer des abreuvoirs supplémentaires par ex. dans l’aire de sortie.

Cela permet d’assurer l’approvisionnement en eau des vaches en cas de besoins accrus en raison des températures extérieures élevées.

Samuel dit:

Je recommande à chaque exploitation de réfléchir à des possibilités pour installer temporairement des abreuvoirs supplémentaires en été – par ex. dans l’aire de sortie ou au passage du pâturage à l’étable.
Ils permettent dans la plupart des cas de réduire nettement le stress thermique des vaches.

L’approvisionnement en eau des vaches et des génisses doit être garanti en tout temps également au pâturage.

Des citernes à eau mobiles doivent permettre cela.

Mais cette méthode a aussi des inconvénients. 

Samuel sait:

Les traditionnelles citernes à eau avec les abreuvoirs à langue usuels sont plutôt inappropriées:
Pour la plupart des troupeaux, un seul point d’abreuvement ne suffit pas et son débit est trop faible.
De plus, l’eau se réchauffe trop fortement dans ces citernes en métal.

Les conduites d’eau installées de manière fixe avec des points d’eau ouverts dont l’arrivée de l’eau est gérée par un flotteur peuvent être une bonne alternative.

Les veaux ont besoin d’eau à volonté dès le début de leur vie pour pouvoir couvrir leur besoin en liquide. Avec l’âge, l’approvisionnement en eau devient de plus en plus important. 

Samuel signale:

C’est d’ailleurs une obligation légale de mettre de l’eau à disposition des veaux dès le premier jour de leur vie. L’OSAV  a édicté une fiche thématique à ce sujet.