Le graphique à 6 champs pour le rapport graisses / protéines (RGP) et l’urée

Depuis mars 2023, un nouveau schéma d’évaluation est en vigueur en Suisse pour le contrôle de l’affouragement au moyen des données des épreuves de productivité laitière (EPL). Nous vous expliquons son utilisation.

Nouveau graphique à 6 champs

La principale nouveauté est un graphique à 6 champs qui représente le RGP et le taux d’urée de chaque vache contrôlée. Il indique si vos animaux sont suffisamment approvisionnés en énergie et si l’approvisionnement en protéine de leur panse est équilibré. Le RGP est un paramètre qui peut être évalué indépendamment de la performance laitière de la vache.

RGP et approvisionnement en énergie insuffisant

Les vaches qui ont des teneurs en graisse élevées et de faibles teneurs en protéine ont un rapport graisses / protéines élevé.

Une valeur supérieure à 1.4 durant la phase de démarrage signale que l’approvisionnement en énergie de la panse et de ce fait de la vache pourrait être insuffisant. Par conséquent, la vache mobilise de la graisse corporelle. En revanche, les valeurs inférieures ou égales à 1.4 (1.53 pour la Jersey, 1.3 pour la Montbéliarde) signalent un approvisionnement en énergie correct. 

RGP et santé de la panse

Des études récentes ont montré qu’un faible RGP en dit peu sur l’apport de structure. Dans le nouveau schéma d’évaluation EPL, l’apport de structure n’est donc plus apprécié qu’à l’aide d’une valeur limite de la teneur en graisse dépendante de la performance. 

Taux d’urée et approvisionnement en protéines faibles

Un taux d’urée inférieur à 15 mg/dl indique un déficit en matière azotée resp. un manque de protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de la matière azotée dégradée (PAIN). Étant donné que la quantité de protéines est insuffisante pour les microorganismes de la panse, ils ne peuvent pas exploiter pleinement leur potentiel de croissance.

La consommation maximale d’aliments et la mise en valeur optimale des aliments ne peuvent pas être atteintes.

Taux d’urée et approvisionnement en protéine trop élevés

Un taux d’urée élevé dans le lait (> 27 mg/dl) indique qu’il y a nettement plus d’ammoniac dans la panse que ce que les microorganismes peuvent absorber et utiliser pour leur propre synthèse protéique. Il y a deux causes possibles:

Soit il y a trop de protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de la matière azotée dégradée (PAIN) – c’est la cause la plus fréquente – soit il n’y a pas assez de protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de l’énergie disponible (PAIE).

Résultats des épreuves de productivité laitière

Les résultats des épreuves de productivité laitière en Suisse sont désormais représentés sous forme de graphique à 6 champs.

Attention lors de l’interprétation: Les valeurs du RGP sont représentées de manière inversée par rapport aux anciens graphiques – les RGP élevés sont maintenant en bas sur le graphique; dans le passé, ils figuraient en haut.

RGP élevé

Les vaches se situant dans la moitié inférieure du tableau à 6 champs sont soupçonnées de souffrir de troubles métaboliques. La valeur limite se situe à 1.4 (exception chez les vaches Jersey: 1.5).

Pour l’évaluation, il faut en plus tenir compte des lettres K ou E resp. des marquages en couleur.

Faible RGP

Les vaches se situant dans la moitié supérieure du tableau à 6 champs ont un apport énergétique suffisant et ne sont pas soupçonnées de souffrir de troubles métaboliques. La valeur limite se situe à 1.4 (exception chez les vaches Jersey: 1.5).

Pour l’évaluation, il faut en plus tenir compte des lettres S ou F resp. des marquages en couleur.

Faible taux d’urée

Les vaches se situant dans le tiers gauche (moins de 15) du tableau à 6 champs souffrent d’une carence en matière azotée.

Taux d’urée dans la plage optimale

Les vaches se situant dans le tiers au milieu (entre 15 et 27) du tableau à 6 champs affichent un apport de matière azotée optimal.

Taux d’urée élevé

Les vaches se situant dans le tiers droit (plus de 27) du tableau à 6 champs présentent un excédent de matière azotée.

Animaux à risque

Les animaux identifiés comme souffrant de troubles métaboliques sont en outre marqués par des lettres (K, E, S, F) sur le rapport d’analyse et sur le tableau à 6 champs (les applications Internet de certaines fédérations d’élevage utilisent des marquages en couleur).

Contrôle par l’éleveur

Les animaux marqués comme ayant des résultats hors norme (K, E, S, F) doivent absolument être contrôlés à l’étable par l’éleveur:

Animaux marqués par un K, que faut-il faire?

K = risque de cétose chez les vaches avec une durée de lactation jusqu’à 100 jours. Les vaches sont marquées par un K si le RGP est supérieur à 1.4 et si la teneur en protéine est en même temps supérieure à la valeur limite resp. la teneur en graisse inférieure à la valeur limite dépendante de la performance.

Conseil du praticien

  • Faites chaque semaine un test d’acétone pour les vaches en début de lactation.
  • Notez l’état corporel des animaux à risque.
  • Contrôlez la ration à l’aide du plan d’affouragement. Le cas échéant, adaptez-la à la performance laitière.
  • Vérifiez le déroulement de l’affouragement et mettez en place des mesures pour augmenter la capacité d’ingestion. 

Animaux marqués par un E, que faut-il faire?

E = carence en énergie chez les vaches en lactation depuis 100 à 200 jours. Les vaches sont marquées par un E si le RGP est supérieur à 1.4.

Conseil du praticien

  • Faites chaque semaine un test d’acétone pour les vaches en début de lactation.
  • Notez l’état corporel des animaux à risque.
  • Contrôlez la ration à l’aide du plan d’affouragement. Le cas échéant, adaptez-la à la performance laitière.
  • Vérifiez le déroulement de l’affouragement et mettez en place des mesures pour augmenter la capacité d’ingestion.

Animaux marqués par un S, que faut-il faire?

S = manque de structure. Les vaches sont marquées par un S en raison d’une teneur en graisse inférieure à la valeur limite dépendante de la performance et non en raison du RGP.

Conseil du praticien

  • Contrôlez les teneurs en graisse et en protéine. Les deux sont probablement faibles.
  • Contrôlez la fonction de la panse et en particulier l’activité de rumination de vos vaches. Elles devraient mastiquer au moins 56 fois entre deux déglutitions.
  • Rincez les bouses des vaches pour évaluer le degré de digestion.
  • Faites chaque semaine un test d’acétone pour les vaches en début de lactation.
  • Vérifiez le déroulement de l’affouragement et mettez en place des mesures pour augmenter la capacité d’ingestion.

Animaux marqués par un F, que faut-il faire?

F = risque d’obésité. Les vaches en lactation depuis au moins 200 jours sont marquées par un F si la teneur en protéine est supérieure à la valeur limite dépendante de la performance.

Conseil du praticien

  • Surveillez l’état corporel de vos vaches au moyen du BCS (Body Condition Score), car les réserves de graisse peuvent se former de manière peu visible et passer inaperçues.
  • Réduisez suffisamment tôt les aliments complémentaires (concentrés).
  • Réduisez la densité nutritionnelle de la ration, mais aussi les aliments de base riches en énergie et en protéines (par ex. betteraves fourragères, ensilage de maïs et d’herbe, regain, etc.).
  • «Diluez» la ration avec du foin de qualité moyenne. Comparez la ration (équilibre, niveau de production) par rapport à votre plan d’affouragement.

Motifs pour changer de système

Les données de l’ancien système d’évaluation datent toutes des années 1980. Des études scientifiques ont toutefois fourni des indices que de nombreuses vaches ont été mal appréciées avec les anciennes plages de valeurs. Il n’a pas été tenu compte du fait que différents paramètres sont à considérer en fonction de la production laitière. Les nouvelles recommandations ont été validées en Allemagne et en Suisse sur la base de vastes jeux de données.

Notre recommandation

Agridea a publié une fiche d'information pour la Suisse qui explique les bases et l'utilisation des nouvelles épreuves de productivité laitière (EPL)