Premiers secours pour les veaux qui ont des difficultés à respirer

Pour le veau, la vie dans l’utérus est fondamentalement différente de celle en dehors de l’utérus. 95% des veaux nouveau-nés sont capables de s’adapter rapidement au changement de situation après la naissance.

Comment empêcher qu’un manque d’oxygène entraîne des conséquences fatales pour les 5% restants?

La naissance est une expérience extrême

Canal pelvien étroit

Les contractions écrasent le veau à travers le bassin de sa mère.

Interruption de l’approvisionnement

Le cordon ombilical se rompt et par conséquent, l’approvisionnement du veau en oxygène est interrompu.

Adaptation des poumons et de la circulation

Les poumons du veau se déploient et la circulation sanguine se modifie complètement.

Réacheminement du CO2

Pendant les contractions

En particulier pendant les contractions, il y a moins d’oxygène qui parvient au veau et le CO2 n’est pas non plus retransmis à la mère. 

Augmentation du taux de CO2

Le taux de CO2 dans le sang du veau augmente. En même temps, il y a moins d’oxygène qui parvient au veau. La saturation en oxygène, qui est normalement supérieure à 98%, peut chuter temporairement à moins de 40%.

Le conseil du praticien

La vétérinaire Christina dit:

«Durant les pauses entre les contractions, l’irrigation sanguine des placentomes s’améliore. C’est la raison pour laquelle, en cas d’aide au vêlage, il faut réduire la traction pendant ces pauses. La même chose vaut pour la «vêleuse mécanique»! Cela diminue le risque d’un manque d’oxygène.»

Rupture du cordon ombilical

Si le cordon ombilical reste coincé pendant une longue période lors du passage du bassin ou se rompt, l’approvisionnement du veau en oxygène et l’évacuation du CO2 dans son sang sont complètement interrompus.

Augmenter de plus en plus

Le taux de CO2  dans le sang du veau augmenter de plus en plus.

Stimulus de la respiration

Le CO2 est le principal stimulus pour le centre respiratoire du cerveau. A un moment donné, le stimulus est si fort que le veau prend sa première inspiration.

Mucus dans les voies respiratoires

Avant la naissance, les alvéoles pulmonaires, la trachée et la cavité rhinopharyngée sont remplies de liquide et de mucus.

Mucus dans le nez

Pendant le passage du bassin, une grande partie de ce mucus est expulsée par les contractions.

Ventilation des poumons

C’est ainsi qu’une grande partie des poumons peut être ventilée après quelques respirations.

Un cercle vicieux

Plus le vêlage dure longtemps, plus les conditions d’approvisionnement du veau se dégradent.

Acidose respiratoire

Le manque d’oxygène et la diminution de l’évacuation du CO2 entraînent une acidification chimique du sang (acidose respiratoire).

Acidose métabolique

Par conséquent, l’organisme réduit l’irrigation des organes non vitaux et des muscles. Du lactate s’y accumule (acidose métabolique), ce qui aggrave encore l’acidose.

Blocage du centre respiratoire

L’acidification du sang et le manque d’oxygène aigu ralentissent la réaction du centre respiratoire du cerveau. Contrairement à ce qui serait logique, la respiration ne commence donc qu’avec un certain retard.

Musculature acidifiée

La musculature respiratoire mal irriguée et acidifiée au niveau du diaphragme et des côtes rend la respiration du veau difficile.

Signaux de veaux

Les veaux qui montrent des signes d’un manque d’oxygène pendant ou après la naissance ont besoin d’une aide immédiate – et il faut les surveiller en permanence.

De pareils signes d’alarme sont:

Mouvements de langue crispés pendant la naissance

Muqueuse buccale de couleur bleu pâle ou museau (en cas de nez sans pigmentation)

Durant les cinq premières minutes, le veau n’arrive pas encore à lever sa tête tout seul (faible tonus musculaire).

Réflexes réduits: Le veau ne réagit pas lorsqu’on le pince dans l’espace interdigital.

Respiration difficile, irrégulière ou haletante (respiration par la bouche)

Cris bêlants à briser le cœur

Mesures de secours

Tant que le cœur bat, il y a de l’espoir!

On sent les battements du cœur d’un veau en posant la main sur les côtes du veau, sous son coude. On sent mieux le cœur du côté gauche que du côté droit.

Le conseil du praticien

Le vétérinaire Christina conseille:

«Si un veau a des difficultés à respirer, vérifiez immédiatement les battements du cœur afin d’évaluer la situation. Pour comparaison, il est judicieux de ressentir d’abord et au calme les battements du cœur d’un veau plein de vitalité.»

Libérer les voies respiratoires

Détacher les enveloppes fœtales

Si elles sont encore fermées: détacher les enveloppes fœtales de la tête du veau 

Enlever le mucus des narines

Enlever le mucus des narines en exerçant une légère pression sur le nez.

Par un massage

Massage avec de la paille ou une serviette propre pour dégager les voies respiratoires et évacuer le mucus.

Le conseil du praticien

La vétérinaire Christina conseille:

«Un veau respire prioritairement par le nez. C’est la raison pour laquelle il faut enlever le mucus dans le nez. Le mucus dans la cavité buccale n’entrave pas la respiration.»

Position stable sur la poitrine et le ventre

La position correcte facilite la respiration au veau. Les poumons peuvent bien se déployer, la circulation démarre. Pour ce faire:
Plier les pattes avant du veau et les pousser sous la poitrine.
Tirer les pattes arrière tendues à gauche et à droite en direction de la tête.

Le conseil du praticien

Christina ajoute:

«Si le veau ne réussit pas à se maintenir lui-même dans cette position sur la poitrine et le ventre: coincez-le entre vos jambes. Il est donc conseillé d’effectuer le traitement d’urgence du veau à deux: une personne stabilise le veau et l’autre effectue les mesures de secours.»

Ne pas suspendre le veau la tête en bas!

Contrairement à une idée reçue, il ne faut pas soulever les veaux par les pattes arrière ou les suspendre la tête en bas. Cela surcharge leur système cardiovasculaire et les organes abdominaux compriment les poumons!

Le conseil du praticien

Christina explique:

«Le mucus qui s’écoule de la bouche ou du nez lorsqu’on soulève les veaux par les pattes arrière provient des pré-estomacs.
Cela a l’air d’être du liquide amniotique – mais ce n’en est pas! C’est la raison pour laquelle le veau ne respire pas mieux. Au contraire: Le fait de soulever les veaux est contreproductif, car les poumons ne peuvent pas se déployer.»

Jet d’eau pour stimuler la respiration

Un jet d’eau peut souvent provoquer le réflexe respiratoire. S’il fait froid ou si l’eau est froide, il ne faut pas verser de l’eau sur tout le veau pour qu’il ne prenne pas froid. Il suffit de verser de l’eau sur sa tête.Un jet d’eau peut souvent provoquer le réflexe respiratoire. S’il fait froid ou si l’eau est froide, il ne faut pas verser de l’eau sur tout le veau pour qu’il ne prenne pas froid. Il suffit de verser de l’eau sur sa tête.

Le conseil du praticien

La vétérinaire Christina explique:

«Il faut tenir prêt au moins un seau d’eau chaque fois qu’on aide une vache à vêler!
On en a besoin dans tous les cas pour laver la vache – et le reste pour le verser sur le veau en cas d’urgence. Cela évite de devoir courir après l’eau lorsqu’il est presque trop tard.»

Cloison nasale et réflexe respiratoire

La cloison nasale est reliée au centre respiratoire par un «arc réflexe». Si on y crée un stimulus, le veau prend en règle générale une profonde inspiration.

Le conseil du praticien

La vétérinaire Christina recommande:

«Cela ne joue aucun rôle de quelle manière on stimule la cloison nasale: Ou on pince le nez du veau avec les doigts ou on prend un brin de paille solide et pique le nez du veau avec. On peut aussi prendre une aiguille et piquer le mufle – si par hasard vous en avez une non utilisée sur vous…»

Huiles essentielles

Il y a des produits sur le marché contenant des huiles essentielles qu’on peut pulvériser dans le nez du veau. Ils servent à déclencher l’éternuement et à exercer en plus un effet stimulant sur le centre respiratoire.

Le conseil du praticien

Christina explique:

«Il ne faut pas confondre ces produits avec les remèdes servant de stimulants respiratoires centraux que nous avions à disposition en médecine vétérinaire par le passé. Ces remèdes étaient administrés au veau sous forme de gouttes sous la langue ou lui étaient injectés dans le sang. Aujourd’hui, ils ne sont plus autorisés en Suisse.»

Respiration artificielle bouche-à-nez

La respiration du veau peut aussi être stimulée par la respiration artificielle bouche-à-nez. 

Le conseil du praticien

Christina explique:

«Cela représente souvent un grand effort de poser ses lèvres sur le museau baveux d’un veau. Mais si cela permet de sauver la vie d’un veau, il ne faudrait pas s’en laisser dissuader… Il est important de boucher la deuxième narine et la bouche et de tendre la tête du veau légèrement vers l’arrière, sinon l’air ne parvient pas dans les poumons du veau. Et c’est inutile de gonfler la panse ou d’autres pré-estomacs.»

Pompe de réanimation

Il y a différentes pompes de réanimation pour veaux sur le marché. Elles permettent d’évacuer du liquide amniotique et du mucus ou d’insuffler de l’air dans les poumons des veaux – ou les deux.

Le conseil du praticien

Christina conseille expressément:

«Si vous achetez un pareil outil, vous devez absolument étudier son fonctionnement avant la première utilisation: Comment fonctionne-t-il? Quelle est sa force d’aspiration resp. de refoulement? Avec quelle prudence faut-il travailler? On peut aussi causer des dommages, par exemple aux muqueuses des voies respiratoires.»

Lorsque la respiration démarre

Si le veau respire après la naissance ou si vous avez réussi à faire respirer le veau, les soins standard du veau nouveau-né commencent.

Des effets retardés sont possibles

Une respiration insuffisante peut parfois avoir des effets retardés. Les veaux qui ont survécu de justesse à la naissance et qui, après un certain temps, semblent respirer normalement, peuvent mourir quelques heures plus tard. La raison en est la suppression du «système d’épargne» dans les organes. Si l’irrigation se normalise, le lactate accumulé est évacué. L’acidose s’aggrave.

Signes d’alarme

  • Faiblesse persistante
  • Le veau n’arrive pas à tenir lui-même sa tête
  • Détérioration de l’état général

Le conseil du praticien

Christina conseille:

«Les veaux qui ont des difficultés après la naissance doivent être surveillés de près et ont besoin d’un traitement vétérinaire rapide pendant les premières heures de leur vie pour survivre: une perfusion qui corrige l’acidose et qui stimule le métabolisme, év. des analgésiques et des médicaments décongestionnants.»

Fragilité persistante

Les veaux qui survivent sont souvent plus susceptibles de développer des maladies durant la période suivant la naissance. Souvent, ils boivent mal parce qu’ils ont des gonflements et des douleurs ou même des lésions cérébrales en conséquence du manque d’oxygène. Très souvent, ils sont simplement épuisés.

Le conseil du praticien

Christina conseille:

«Il est d’autant plus important d’être patient lors du premier abreuvement des veaux faibles. Car seul le colostrum leur permet de reconstituer leurs réserves et absorber des anticorps.»

Check-list

Notre check-list (pdf) vous donne rapidement un aperçu des mesures de premiers secours en cas de difficultés respiratoires. Vous pouvez la télécharger ici. 

Le conseil du praticien

Christina propose:

«Imprimez la check-list et plastifiez-la. Placez-la, avec tous les ustensiles dont vous avez besoin pour l’obstétrique, dans une caisse propre et hermétique et déposez celle-ci dans la zone de vêlage dans votre étable. Cela vous permet d’avoir tout à portée de main en cas d’urgence.» 

Caisse d’urgence

Les ustensiles suivants doivent se trouver dans une caisse obstétrique:

  • une bouteille de gel lubrifiant
  • du savon (à l’iode)
  • des cordes propres, lavables à la machine ou des chaînes propres pour l’obstétrique
  • la check-list «Premiers secours en cas de difficultés respiratoires»
  • une serviette propre, rugueuse
  • une aiguille stérile pour l’acuponcture du mufle – si on est habitué à l’utiliser
  • des huiles essentielles sous forme de spray nasal – si disponibles
  • une pompe de réanimation – si on sait l’utiliser

Notre recommandation

Notre recommandation

Dans un article de blog d’une entreprise américaine produisant des équipements d’étable, des caméras infrarouges sont mentionnées. Elles comparent la température superficielle d’un veau mouillé après la naissance en hiver avec celle d’un veau né dans les mêmes conditions, mais séché avec une serviette. Il est impressionnant de voir de combien la température du nez, des oreilles et des pattes d’un veau séché est plus élevée. Cela prouve que le séchage ou le léchage font du sens même si les veaux sont vitaux. Cela permet de les protéger d’un refroidissement surtout lorsque les températures ambiantes sont basses.

Towel Drying Calves Helps Combat Cold Stress (summitepc.com) (texte en anglais)