Protéger le troupeau – Biosécurité
Garantir le statut sanitaire du troupeau doit être une préoccupation importante pour tout éleveur. Les termes tels que «biosécurité», «quarantaine» et «désinfection» évoquent généralement des épizooties infectieuses. Vous devez entre autres protéger vos animaux contre les maladies et les infections qui sont considérées comme «épizooties» selon la Loi sur les épizooties au moyen de «mesures appropriées». A quelles mesures pensez-vous?
Biosécurité externe
Les agents pathogènes tels que les virus et les bactéries ne peuvent pas parcourir de longues distances par eux-mêmes. Ils ont généralement besoin d’un «transporteur» pour se déplacer d’une étable à l’autre. Vous devez donc vous prémunir contre l’introduction d’agents pathogènes sur l’exploitation.
Les plus grands risques sont représentés par:
- L’achat d’animaux avec un statut sanitaire inconnu
- Le contact entre les animaux sur les pâturages communautaires / alpages / expositions de bétail
- La transmission indirecte par les visiteurs (êtres humains / faune sauvage ou animaux domestiques)
- L’introduction de parasites depuis le pâturage / l’alpage
Mesures importantes pour la biosécurité externe
Des vêtements propre
Les personnes externes à l’exploitation peuvent apporter avec elles des germes pathogènes (sous les semelles de leurs bottes, sur leurs vêtements ou sous leurs ongles). Porter des vêtements et des bottes propres à l’exploitation peut protéger le cheptel. Pas de chaussures sales à l’étable!
Trafic de véhicules
Les transporteurs d’animaux vivants ou de cadavres d’animaux qui se déplacent de ferme en ferme représentent un risque élevé. Les animaux devraient donc être séparés déjà avant le chargement – de préférence à l’écart du troupeau. Conseil: ne pas faire charger les cadavres d’animaux directement dans l’étable.
Quarantaine
Séparer les nouveaux-venus du reste du cheptel pendant quelques jours. Le stress du changement d’étable affaiblit les défenses immunitaires des arrivants. Ils excrètent les agents pathogènes qu’ils ont amenés avec eux. Lavez-vous les mains et enfilez une combinaison réservée à cet usage!
Déjections canines
Les promeneurs ignorent souvent les conséquences d’une contamination des fourrages par des déjections canines. En expliquant les choses, vous pouvez améliorer la qualité des fourrages et minimiser les risques. Mais c’est souvent votre propre chien qui est le principal vecteur de maladies !
Le conseil du praticien
L’agriculteur Jean raconte: « Hier, mon voisin est passé. Il était en train de sortir le fumier des igloos et il lui fallait un joint d’étanchéité pour son nettoyeur haute-pression, car le sien était cassé. Je ne l’ai pas entendu tout de suite. Quand il m’a enfin trouvé, il avait déjà traversé trois fois l’étable avec ses bottes sales.
Le conseil du praticien
Simon, technicien inséminateur, raconte: « Pendant mes tournées, je constate qu’un torchon sale est suspendu dans un tiers des chambres à lait en guise d’essuie-main. Ça me dégoûte à chaque fois de devoir me sécher les mains. J’ai maintenant mon essuie-main personnel dans ma voiture. Ce n’est pas tout à fait idéal non plus – mais c’est quand même mieux que de m’essuyer les mains sur mon tablier».
L’inséminateur s’efforce toujours d’entrer dans toutes les étables avec des bottes, habits et mains propres et de les quitter également propre. La biosécurité de toutes les exploitations visitées lui tient à cœur. Les mains et bottes propres assurent la protection sanitaire de chaque étable durant sa tournée d’insémination.
Plus d'informations sur «Propreté sur le terrain» dans l'article Toro (07/2021).
Le conseil du praticien
L’agriculteur Jakob raconte : «Sur mon pâturage à la périphérie de la ville, je trouve souvent des excréments humains. Avant d’avoir reçu cette lettre par laquelle on m’a communiqué que des cysticerques ont été découverts dans la carcasse d’une de mes vaches, je trouvais cela dégueulasse, mais je n’ai pas réfléchi plus loin. Maintenant, je vois les choses différemment. Dans le pire des cas, on me classera une carcasse complète impropre à la consommation humaine.»
Lorsque toutes les toilettes publiques et les restaurants étaient fermés en raison du coronavirus, on trouve bien plus fréquemment des excréments humains dans la nature– souvent sur des prés et pâturages le long de sentiers de randonnée. Malheureusement, l’agriculteur concerné ne peut pas faire grand-chose contre ces excréments d’origine humaine. Eventuellement, des discussions ou des affiches pourront sensibiliser les promeneurs : «Ce n’est pas une toilette publique. Les excréments humains peuvent rendre les vaches malades.»
Notre article conseil «Si l’homme contamine l’animal» peut également servir de matériel de sensibilisation au sujet des excréments humains et des vaches malades.
Biosécurité interne
La propagation directe des agents pathogènes sur l’exploitation est très rapide en raison du contact étroit entre les animaux. La propagation indirecte se fait par l’intermédiaire de «vecteurs».
Les vecteurs principaux sont:
- Le personnel d’étable, le vétérinaire ou le technicien inséminateur
- L’outillage d’étable ou les instruments de traitement
- Les taureaux de monte naturelle
- Les véhicules
- Les rongeurs (souris, rats), oiseaux ou chiens de ferme
- Les mouches
- Le fourrage et l’eau
Installations importantes pour la biosécurité interne
Les agents pathogènes adhèrent souvent aux mains sales et aux vêtements déjà portés. Ils sont ainsi transmis d’un animal à l’autre via le vecteur «être humain». La propreté et l’hygiène personnelles préviennent de telles contaminations. Un exemple typique est la transmission d’une vache à l’autre d’agents pathogènes causant des mammites via les mains du trayeur.
Le conseil du praticien
Christine, vétérinaire, raconte: « Lundi dernier, j’ai eu un cas typique d’obstétrique pendant des travaux l’ensilage. L’agriculteur m’a envoyé son apprenti pour m’aider. Le jeune homme venait de brancher la prise de force à l’auto-chargeuse et ses doigts étaient très sales. Je lui ai donc ordonné de se laver les mains avant de prendre les cordes pour tirer le veau.»
Les domaines particulièrement critiques
Sur votre exploitation, connaissez-vous les coins préférés des bactéries et autres germes?
Le box de vêlage
Le liquide amniotique à température corporelle qui s’écoule dans un environnement contaminé par des germes est un festin pour les bactéries. Les box utilisés pour les vaches malades puis pour les vêlages leur offrent un milieu de culture optimal. Règle d’or: un box de vêlage ne doit jamais être transformé en infirmerie!
Les logettes
L’apport permanent de salissures humides depuis le couloir de circulation vers les logettes constitue un risque, non seulement pour la santé de la mamelle, mais aussi pour les onglons des bovins. Une peau constamment humide dans la région des onglons favorise le panaris (phlegmon interdigital ou piétin contagieux) et la maladie de Mortellaro. Des zones circulation sèches et des logettes bien entretenues préviennent les maladies.
L’étable des veaux
Les résidus de diarrhée dans les box des veaux plaisent aussi aux bactéries. Si de nouveaux veaux dont le système immunitaire est faible entrent dans un tel environnement contaminé, les agents pathogènes représentent un risque. Seul un nettoyage rigoureux interrompt la chaîne de contamination.
Le tas de fumier
Le matériel d’avortement ou les arrière-faix sont souvent jetés sur le tas de fumier ou dans la fosse à purin. Les chiens (notamment votre propre chien de ferme), adore ça ! Il en résulte une chaîne de contamination, par exemple pour la néosporose. De tels déchets devraient être éliminés via la filière des cadavres d’animaux, sans oublier que les chiens n’ont rien à faire à l’étable!
Les mouches comme agents de transmission
Le rôle de vecteur joué par les mouches et les moustiques ne doit pas être sous-estimé. Une lutte ciblée contre les mouches est judicieuse pour assurer la santé du troupeau. Les insectes représentent un danger dans les contextes suivants:
Des mouches sur les trayons
En été, lorsque les mouches sont attirées par les petites gouttelettes de lait pointant à l’extrémité des trayons après le retrait du faisceau trayeur, elles peuvent transmettre les agents pathogènes responsables de mammites d’une vache à l’autre. Tremper les trayons dans une solution désinfectante permet d’éviter ce phénomène.
Des mouches sur les pis
Les agents pathogènes de la «mammite d’été» (Trueperella pyogenes - anciennement connus sous le nom Actinomyces pyogenes) sont également transmis de pis en pis par les mouches. Les portes d’entrée sont les extrémités des trayons ou les piqûres dans la peau des trayons.
Des mouches autour des yeux
Les mouches peuvent transmettre des germes responsables d’infections oculaires comme par exemple la kératoconjonctivite infectieuse bovine (pink-eye). Cependant, la cornée doit avoir été préalablement endommagée ou blessée pour que les agents pathogènes (Moraxella bovis) puissent infecter l’œil.
Mouches et virus
Les moustiques piqueurs (p. ex. culicoïdes) transmettent des infections virales comme la fièvre catarrhale du mouton (maladie de la langue bleue) ou le virus de Schmallenberg. Un temps doux permet aux moustiques provenant du sud de l’Europe de passer l’hiver chez nous. Il faudra probablement compter avec une augmentation du nombre de ces maladies «exotiques» à l’avenir.
Lutte contre les mouches
Les boxes à veaux sont les meilleurs sites de reproduction pour les mouches parce que leurs larves y trouvent du fumier et des restes de lait. S’il y a plus de 20 mouches sur un veau, un cap critique est franchi – la lutte contre les mouches s’impose!
Article Conseil
Vous trouverez de plus amples informations sur la lutte contre les mouches dans l’article «Interdiction de vol au printemps», Toro 04/2012
Nettoyage
Le terme «biosécurité» ne signifie pas seulement protéger votre cheptel contre de nouveaux germes et prévenir leur transmission. Les agents pathogènes présents doivent être combattus. Il est possible d’atteindre ce but grâce au nettoyage et à la désinfection. Les agents pathogènes sont alors privés de leur base existentielle et leur nombre est réduit. Le nombre de germes sur une surface peut être réduit de 90% simplement grâce à un nettoyage avec de l’eau et du savon.
Désinfection
Dans les zones sensibles ou en cas de contamination importante, une désinfection supplémentaire est nécessaire. Cependant, si les salissures et les dépôts ne sont pas complètement éliminés au préalable, la désinfection ne sert à rien: la saleté ne peut être désinfectée! Il est essentiel de respecter toutes les consignes du fabricant, y compris en ce qui concerne la sécurité au travail.
Check-list et articles Conseil
Dans la «Check-list Nettoyage et désinfection», nous avons résumé les différentes étapes d’un nettoyage correct.Vous trouverez de plus amples informations au sujet du thème de la biosécurité dans notre article Conseil «Etable ou porcherie?», Toro 06/2015
Notre recommandation
Diverses organisations, tant en Suisse qu’à l’étranger, ont publié des fiches d’information utiles au sujet des mesures à prendre pour garantir la biosécurité externe et interne. Vous pouvez les télécharger au format pdf.
- Animaux de ferme en bonne santé (Guide abrégé de la biosécurité incl. e-learning, RGD et SGD - CH)
- A savoir – Biosécurité dans l’élevage bovin (Service sanitaire bovin – CH)
- Leitfaden - Biosicherheit in Rinderhaltungen avec une attention toute particulière sur la lutte contre la paratuberculose (Bauernverband Niedersachsen – Allemagne) (uniquement en allemand)
- Ihr Wissen wächst – Biosicherheit Rind (Ländliches Fortbildungsinstitut LFi – Ö) (uniquement en allemand)
Signaux de vaches
En conclusion:
Ces signaux de vaches indiquent que quelque chose ne va pas sur votre exploitation en matière de biosécurité:
Nos articles Conseil sur les thèmes précités
Dans TORO, nous avons déjà publié divers articles Conseil sur les thèmes listés ci-dessous. Vous pouvez les télécharger au format pdf.
Maladies infectieuses de la peau, des onglons et des yeux
- «Une lunette rose qui fait mal!» au sujet de la kérato-conjonctivite infectieuse bovine, Toro 05/2014
- « Mortellaro: pas d’effort, pas de récompensee» , Toro 01/2021
- «Typique du panaris: les boiteries qui surviennent en été», Toro 06/2011
Maladies infectieuses qui provoquent des avortements
- «Sur la ligne d'arrivée» - BVD est sur le point d'être éradiqée en Suisse, Toro 08/2022
- «Etable interdite d’accès en cas de doute» au sujet de la coxiellose/fièvre Q, Toro 06/2019
- «Une maladie abortive fréquente», Toro 06/2018
- «Déjections canines et avortements?», Toro 08/2005
Maladies infectieuses dues à des parasites
- «L'été est la saison des tiques», Toro 05/2022
- «Sarcosporidiose: rare mais évidente», Toro 04/2021
- «Un cycle de vie complexe» au sujet de la petite douve du foie, Toro 06/2017
- «Sur les traces de la grande douve du foie» , Toro 02/2006
- «Lorsque ça démange et ça gratte en hiver» au sujet de la gale, Toro 10/2011
- «Saison principale des vers pulmonaires», Toro 05/2011
- «Les parasites sont aux aguets», au sujet des vers gastro-intestinaux, Toro 04/2007
Maladies infectieuses transmissibles à l’être humain
- «Etable interdite d’accès en cas de doute» au sujet de la coxiellose/fièvre Q, Toro 06/2019
- «Traverser l’étable en chaussons» au sujet de la paratuberculose, Toro 10/2015
Empoisonnements