Ce que voit le troupeau
La vision des bovins, animaux de proie à l’origine, est adaptée à la vie en prairies ouvertes. Leurs yeux ne fonctionnent donc pas comme les nôtres et ils perçoivent leur environnement d’une manière totalement différente. Il n’est donc pas toujours facile pour nous de comprendre le comportement de vaches apparemment craintives qui semblent voir des dangers partout!
Changement de perspective
Pour comprendre le comportement des bovins et faciliter l’interaction avec eux, il faut pouvoir imaginer ce qu’ils voient et comment ils le voient. Pour commencer, il est utile de se mettre à la même hauteur qu’une vache (rétive), en pliant légèrement les genoux, pour découvrir ce qui lui fait peur.
Notre recommandation:
Voici quelques vidéos sur Internet qui donnent une idée de l’angle de vision des vaches:
Un amplificateur de lumière
La nuit ou au crépuscule, les bovins voient mieux que les humains, la lumière se reflétant sur une couche réfléchissante située au fond de l’œil, le tapetum lucidum. C’est pour cela que leurs yeux brillent à la lumière des phares ou d’un flash (réflexion de couleur jaune à verte).
Contrastes lumineux
Mais la conséquence de cette bonne vision nocturne est une plus grande sensibilité aux contrastes. Autrement dit, les vaches sont plus facilement éblouies que nous et les ombres les irritent.
Temps d’accommodation
Le temps d’accommodation de l’œil des bovins à un changement d’intensité de lumière est cinq fois plus long que pour l’homme. C’est la raison pour laquelle ils sont d’abord aveuglés lors du passage d’un endroit éclairé à un endroit sombre et vice-versa.
Ondes bleu-vert
Un éclairage homogène à l’étable facilite le travail de l’éleveur. Plusieurs études recommandent tout particulièrement la technologie LED. Elle serait plus adaptée à la vision des bovins, qui voient essentiellement les ondes bleu-vert.
Notre recommandation:
Les avantages d’un éclairage LED à l’étable en termes de rendu des couleurs et de confort visuel sont décrits dans cette présentation Powerpoint. Il évoque aussi l’influence d’un éclairage adéquat sur le métabolisme, la production d’hormones, la croissance et la fertilité des bovins.
Evaluer les distances
Les bovins étant à l’origine des animaux de prairie et proies potentielles, ils doivent voir à une grande distance. Leur champ de vision est totalement différent de celui d’animaux prédateurs.
Perception de l’espace
La position latérale des yeux réduit la capacité de perception des distances. Pour une bonne perception de l’espace, les deux champs de vision monoculaires de chaque œil doivent se superposer. Le siège de la vision situé dans le cerveau les regroupe en une image tridimensionnelle, ce qui permet à l’animal d’évaluer les distances par exemple. On parle de vision binoculaire (voir graphique).
Bien en face
La vache ne peut estimer la distance entre un objet et elle-même que si cet objet se trouve directement face à elle. Ce qu’elle voit de côté, elle le distingue de la même manière que si nous fermons un œil. Il est donc plus agréable pour une vache si nous l’abordons par l’avant. Sinon, elle tournera la tête pour mieux nous distinguer.
Mouvements à l’arrière
En tant qu’animaux de fuite, les bovins ont une perception plus fine des mouvements, à l’origine pour surveiller l’approche éventuelle d’un prédateur. Elles perçoivent notamment les mouvements dans la zone postérieure.
Le conseil du praticien:
- Ne pas faire avancer les animaux vers une zone sombre; veiller à un bon éclairage.
- Si les conditions d’éclairage ne peuvent pas être optimisées: faire preuve de patience en faisant passer les animaux de la lumière vers l’ombre ou vice-versa.
- Réduire les ombres, facteurs d’inquiétude pour les bovins.
- Se mettre à la place de l’animal et anticiper ce qui pourrait le perturber.
- Approcher les bovins par l’avant pour éviter de les surprendre.
- Eviter les mouvements brusques.
Vous trouverez aussi ces informations dans l’article Conseil 04/2016 La vision des vaches